Il n’existe pas à ce jour en France de production de spiruline labellisée « biologique », puisque le règlement Européenne n°889/2008 en vigueur pour le bio ne s’applique pas à ce type de production ( prévu en 2017). En conséquence, il n’existe pas de cahier des charges national lui étant dédié. La Fédération des Spiruliniers de France (FSF) a engagé des démarches auprès de la FNAB (Fédération Nationale d’Agriculture Biologique) à ce sujet. De son côté, l’association Spiruline & Progrès étudie la constitution d’un cahier des charges avec Nature & Progrès.
Spiruline & progrès (S&P) a été créée dans le but de faire de la recherche et du développement sur la culture biologique de spiruline. Des intrants biologiques et des pratiques écologiques y sont testés. S&P a rédigé un rapport de référence pour la FSF sur les intrants utilisables pour la culture bio de spiruline. L’association donne beaucoup d’importance à l’étude des lacs naturels, qui est pour elle un prémisse à toute culture dite biologique de spiruline.
Un des fondements de l’Agriculture Biologique est de nourrir le sol, et pour ce faire, elle impose que les intrants azotés utilisés soient composés de matière organique : fumier, compost, purin, lisier, guano, fientes, farine de plume, sang séché, etc. Or, dans les cultures de spiruline (qui sont actuellement de type hors sol), le développement de la spiruline se trouve inhibé par la présence de matière organique. En effet, dans la nature le milieu de la spiruline est minéral, la source d’azote minéral provenant de la fermentation de la matière organique du fond des lacs. En conséquence, la présence de matière organique dans l’eau lui est nocive, ce qui rend les exigences actuelles de l’Aquaculture Biologique totalement incompatibles, voire opposées à la culture biologique de spiruline.
C’est pour cette raison que les initiatives de culture de spiruline à base d’intrants organiques ont été longtemps tenues en d’échec, à l’exception de celles à base d’urine humaine (le plus souvent orientées à l’auto consommation et pour de petites productions).
En 2014, en Normandie, avec la scop HYES à laquelle je suis associé, nous avons obtenu le label Ecocert pour notre production de spiruline ; une première en France. Basée sur mon observation des lacs, l’idée d’extraire l’azote minéral de la matières organique a permis de valoriser les effluents de méthaniseur pour nourrir la spiruline, et ainsi de rendre enfin possible la culture biologique de spiruline.
Nous avons l’intention maintenant de faire des recherches pour optimiser cette extraction pour toute source d’azote d’origine organique produite localement.
L’autre solution que je veux expérimenter est de reproduire au mieux les lacs naturels par le maintien de la matière organique au fond des bassins. Il s’agit ici du principe de bio mimétisme cher à la permaculture. Ceci sera l’objet principal des recherches qui vont être menées en bassins profonds à la Ferme Écologiques Expérimentale de la Roquette en 2016.