Dans cette approche basée sur l’observation des lacs naturels, prémisse indispensable à la culture biologique de spiruline, le bassin est géré comme un écosystème écologique complexe vivant dans lequel nous intervenons avec prudence et mesure. Comme pour la permaculture, les problèmes qui surgissent sont appréhendés comme des expressions de déséquilibre à comprendre et à corriger.
Ci-dessous un bref extrait des formations concernant la nourriture raisonnée de la spiruline que j’ai donné depuis 2010 aux professionnels producteurs de spiruline.
En culture raisonnée, il ne s’agit plus de nourrir la spiruline suivant des calculs théoriques ou des recettes préétablies, mais suivant ses besoins réels. Ici, la nourriture disponible dans le milieu dans lequel elle se développe est prise en compte pour évaluer ses besoins.
Les conséquences d’un apport de nourriture (minérale ou organique) réduit au strict minimum nécessaire:
- moins de problèmes dans les cultures liés à leur présence en excès.
- économie de fertilisants utilisés (jusqu’ à 5 fois moins).
- moins de salissures et de précipités et donc moins de purges nécessaires.
- réduction considérable du cumul des taux de nitrates dans les cultures et contrôle de la présence des bactéries nitrifiantes.
- limitation des contaminations par les algues étrangères (gourmandes en nitrates).
Tous les éléments en présence dans la culture peuvent en théorie être contrôlés : nitrate, nitrites, ammonium, phosphate, potassium, magnésium, fer. Les taux de nitrates et de phosphate restant les plus importants à analyser.
Les analyses peuvent être effectuées avec de simples tests bandelettes, ou pour les plus exigeants avec un spectrophotomètre.
Les nitrates
Dans certaines cultures nourries à l’urée, les nitrates peuvent parfois se concentrer de façon alarmante, des bactéries nitrifiantes transformant l’urée (de synthèse ou de l’urine) apportée en nitrates ; il n’est alors plus disponible à la spiruline. Certaines spirulines ne sachant pas (ou plus) consommer les nitrates, elles peuvent se retrouver carencées en azote dans des milieux qui en sont très concentrés. La solution est alors de pratiquer la diète d’azote.
La diète d’azote consiste à ne plus nourrir la spiruline en azote jusqu’à ce que celle-ci se contraigne à consommer les nitrates présente dans son milieu ; ceci ce produit en général à partir du 4ème ou 5ème jour de diète.
La spiruline peut être ensuite cultivée sans apport d’azote pendant de nombreux jours, celle-ci consommant ses réserves de nourriture jusqu’ à ce que les taux de nitrates s’approchent de 0.
Au-delà d’une concentration de 2000mg/l de nitrates, une diète d’azote est envisageable.
Analyse : des nitrates avec test bandelette Quantofix 0-400 mg/litre
Ces tests colorimétriques sont faciles d’utilisation, suffisamment précis et bon marché.
Si le résultat obtenu correspond à la couleur maximum, cela signifie que la concentration en nitrates est supérieure à 400mg/l. Dans ce cas, diluer l’échantillon puis multiplier d’autant le résultat obtenu.
Exemple : 10ml de culture + 40 ml d’eau déminéralisée = x 5 le résultat
250mg/l (lus) = 1250mg/l réel de taux de nitrate.
Les phosphates
Les phosphates se trouvent très souvent en quantité excessive dans les cultures. Jusqu’à 100 fois les doses nécessaires ont été observées!
Sursaturés, ils précipitent sous forme de struvite avec l’ammonium et le magnésium, créant des boues salissantes et rendant ces éléments inaccessible à spiruline.
Au-delà d’une concentration en phosphate P04³⁻ supérieure à 50mg/litre, il n’est plus nécessaire dans apporter dans la nourriture. Une diète de phosphate peut être envisagée.
Cultiver avec une eau calcaire précipite les phosphates et peux engendrer une carence de celui-ci. Dans ce cas les apports de phosphate peuvent être majorés (+ 20 à 50%)
Extrait du livre : “La spiruline pour tous” de Gilles Planchon et Charito Fuentes, Edition 2014.